Nous retrouverons également le secteur Emergence ainsi qu'un nouvel univers qui a été imaginé pour cette 3e édition. Premise, c'est son nom, sera un espace de liberté curatoriale très axé sur les propositions mettant en lumière des pratiques artistiques méconnues et singulières. Il est d'ores et déjà possible de se préparer à découvrir ces propositions extraordinaires : notre billetterie en ligne est ouverte et accessible sur artbasel.com.

Quelle place pour les galeries émergentes au sein de la foire ?

Il y a en effet une spécificité qui concerne les galeries émergentes. Concernant le processus de sélection tout d'abord, puisque pour ces dernières trois experts expressément nommés rapportent au comité général. Pour être tout à fait complet, il y a un double enjeu : celui de la représentativité, du nombre de stands, et celui de la visibilité. Dès le départ au Grand Palais éphémère, le parti pris a été de positionner géographiquement ce secteur au coeur de l'évènement. Au Grand Palais historique l'un de nos défis a été de rendre la circulation possible sur les balcons, et c'est là justement que nous allons implanter ce secteur, nouvellement baptisé Emergence, qui comptera 16 galeries.

L'évènement rayonnera bien au-delà de la nef du Grand Palais...

Oui, nous ne sommes pas un musée, mais nous avons la responsabilité institutionnelle de nous adresser à un public le plus large et le plus divers possible. Nous avons à coeur, en collaboration avec la ville de Paris et nos partenaires, de nous rendre accessibles en menant l'art vers les gens. C'est tout le sens des installations que nous avons pu dévoiler au Jardin des Tuileries, sur la Place Vendôme ou encore au Palais d'Iéna. Cette 3e édition réserve encore quelques belles surprises !

Quelle a été la principale valeur ajoutée des deux premières éditions organisées par Art Basel selon vous ?

Le marché français a longtemps été perçu comme moins dynamique par rapport au marché américain, chinois ou encore anglais. Cela reste vrai dans une certaine mesure mais c’est un marché qui se renouvelle beaucoup. Certaines galeries avaient le sentiment qu’elles ne pouvaient pas vendre des œuvres au-delà d’un certain prix à la Fiac et que la puissance d’un acteur tel qu’Art Basel leur permettrait d’atteindre une clientèle à laquelle correspondraient des œuvres de plus grande valeur.

Ce fut le cas ?

L’ambition des foires Art Basel permet de mettre en relation des galeries, des collectionneuses et collectionneurs d’un certain calibre, et dans cette mise en relation se négocient des œuvres de haut standing dont le prix médian a en effet augmenté ces deux dernières années. En 2023, nous avons pu nous enorgueillir de trouver à la foire des Rothko, des Nicolas de Staël, des Picasso… Un segment d’œuvres qui était plus rare auparavant.

Malgré cela, une certaine continuité ?

Bien sûr, et c’est très important de le souligner. Changer pour changer n’a pas de sens. Dans une approche constructive, nous avons fait l’inventaire et repris certaines bonnes idées. Durant 48 ans d’histoire, la Fiac a porté un certain nombre d’initiatives révolutionnaires dans le contexte parisien ! Notre volonté a donc été d’opérer cette montée en gamme sans nous déconnecter de cet héritage. Il y a énormément de savoir-faire et d’expertise parmi les gens qui portaient la Fiac, et il nous a semblé naturel de faire appel à eux pour la suite de cette aventure. À titre d’exemple nous avons conservé presque les deux tiers du comité de sélection.

Justement, comment s’opère cette sélection ?

Le comité comprend 7 personnes ainsi que 3 experts, provenant d’autant de galeries, il sélectionne les galeries candidates avec leur projet, qui sont donc jugées par leurs pairs. Ceci en fonction de leur programmation, leur réputation, leurs engagements… tout n’est pas toujours quantifiable, mais c’est le propre de l’excellence : on la reconnait quand elle se présente.

Ce processus doit également être, chaque année, l’occasion de prendre le pouls du marché de l’art en France. Où en est-on ?

En effet, plus qu’un outil, Art Basel Paris est un commentaire sur ce marché. Ce que nous observons c’est qu’après plusieurs années d’atonie, le réveil a sonné : le marché de l’art français se renforce et consolide sa 4e position dans le monde… Depuis 2015 nous sommes passés de 4 à presque 8%. Il y a à cela plusieurs facteurs : le Brexit d’une part, mais aussi le dynamisme des galeries parisiennes qui se sont fortement mobilisées sur certains sujets liés notamment à la fiscalité, renforçant ainsi la position de la France comme point d’entrée pour les œuvres dans l’Union Européenne. Il faut aussi citer l’action des fondations privées qui, en parallèle d’une très belle programmation des grands musées publics, proposent des rendez-vous prestigieux : Rothko à la Fondation Louis Vuitton, Mike Kelley à la Bourse de Commerce… Nous constatons une véritable effervescence de la scène artistique parisienne et sommes très heureux d’accompagner ce mouvement à notre façon !